«Je ne pense pas que le gouvernement s’attendait à ce que son annonce sur l’interdiction des avertisseurs de radars provoque un tel mécontentement.» C’est ainsi qu’une personne proche des négociations entre Afftac et gouvernement m’expliquait, il y a environ un mois et demi comment celui-ci entendait se sortir du bourbier dans lequel il semblait enferré, en comptant sur la capacité de la première à l’aider à tenir un langage merveilleusement sylvestre. Lors d’un entretien téléphonique un peu tendu, un porte-parole de l’Afftac m’avait d’ailleurs invité à relativiser le communiqué de presse du Ministre, insistant sur la volonté des membres de l’association de «continuer à délivrer une qualité d’information identique» à ses clients. Pour lui, c’était clair : «nous avons eu gain de cause.» Et tant pis si cela sous-entendait une relative hypocrisie dans la communication gouvernementale, aux dépens de certains lobbies. Restait toutefois un bémol. Comment «avoir gain de cause» serait-il possible puisqu’il ne s’agit plus que de signaler des zones dangereuses et que «le ministre a rappelé l’interdiction d’avertir de la position exacte des radars» ? Par une pirouette sémantique que tout le monde connaît désormais : le mot «radar» est banni du lexique des avertisseurs de radars. Ils parleront de “sections de voies dangereuses” – au moins 4 km de long sur autoroute, 2 km hors agglomération et 300 mètres en ville. Les zones dangereuses pourront être signalées par les utilisateurs et le radar ou élément routier «dangereux» pourra se trouver n’importe où dans la zone : début, fin, milieu… Et dans une telle zone dangereuse, il pourra y avoir radar… ou pas. Des points de danger précis viendront compléter l’édifice. Mais là, pas de radar : on parlera d’une liste communiquée par les autorités et dont la signalisation pourra à loisir être désactivée par l’utilisateur.
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