Merci aux Sith

Merci à Star Wars et à son épisode III, la revanche des Sith, pour mettre enfin en lumière une réalité qui, à bien y regarder, n’a rien de nouveau mais semblait être jusqu’ici passée inaperçue ou, tout simplement, superbement ignorée : une bonne part du piratage sur les réseaux P2P – et probablement la plus grave économiquement parlant – n’est pas le fait de simples particuliers s’échangeant des fichiers de leurs films préférés – dans une course permanente à la qualité d’encodage avec des fichiers MKV contenant châpitres, sous-titres, plusieurs pistes son en AAC ou AC3 et une piste vidéo en RV10, en attendant une plus grande diffusion de H.264 – mais celui de professionnels des industries du cinéma ou de la musique.
Tout le petit écosystème du cinéma semble aujourd’hui s’émouvoir de la “fuite” d’une version de l’épisode III de Star Wars avant même sa sortie salle, une copie d’assez bonne qualité si l’on en croit certaines captures d’écran diffusées sur Internet. Mais, à bien chercher, le phénomène n’est pas nouveau et il semble que les copies de films issues de professionnels du cinéma soient pléthore, des échantillons de présentation d’une oeuvre à un festival international aux copies “studio” en passant par les échantillons promotionnels, autant de films sur les images desquels la propriété du studio de production est clairement mentionnée. De même, comment expliquer que certains albums soient régulièrement sur Internet avant d’être dans les bacs sans invoquer la piste de la fuite interne ou dans le réseau de distribution ? Comme beaucoup, je suis opposé aux systèmes de DRM qui embrigadent totalement le consommateur. Si, financièrement, je suis tenté d’acheter – et je l’ai déjà fait – des films via le service en ligne de la Fnac, j’y renonce, sachant que je ne pourrai les lire qu’avec Windows Media Player, sous Windows XP… Au passage, je suis surpris que la commission européenne, qui semble si attachée à briser le monopole de Microsoft sur le marché des lecteurs multimédia ne s’émeuve pas déjà de la situation de celui des DRM qui risque de générer une situation de monopole de facto bien plus large. Surtout, j’invite les producteurs de films et de disques à faire le ménage dans leurs rangs au lieu de vilipender vertement leurs clients. Du coup, j’invite aussi nos parlementaires à ne pas céder aux sirènes des industries musicale et du film dans leurs plaidoyer pour plus de “sécurité” numérique.