Ce billet de Tristan Nitot met en lumiète de manière évidente le double débat que suscitent les DRM et notamment celle de la télévision en haute définition, HDCP.
Le premier est celui des adeptes du Home Cinéma. Ceux-ci s’interrogent sur la compatibilité des différents composants de leurs installations domestiques pour simplement pouvoir voir des images en HD. Benjamin Cherrière, dans l’OI, met en garde contre les labels “HD machin” susceptibles d’induire le consommateur en erreur [NDLA: voir aussi ce billet sur le label HD to go de Toshiba]. Et Thierry Dérouet, de 01net, de rappeler qu’il n’y a aucun moyen, actuellement, de s’assurer qu’un PC, même Viiv d’Intel, ne pourra afficher des vidéo HD. De son côté, John Borland, de CNet, rappelle le fonctionnement de la protection HDCP et des problèmes qu’elle risque d’engendrer.
Les commentaires associés à son article pointent du doigt le second débat autour des DRM.
Celui-là est d’ordre tout autant technique qu’idéologique [NDLA: sans connotation péjorative]. Et il pose non seulement la question de la légitimité même des DRM mais aussi des impacts sur le monde du logiciel libre de technologies aujourd’hui propriétaires et difficilement “ouvrables” par essence. Alexis Mons, sur le blog du groupe Reflect, estime que les DRM sont un mal nécessaire : “Nier la nécessite de disposer d’un outil de gestion des droits n’est en effet pas réaliste.” Et de rappeler que la vocation des DRM ne se limite pas au contrôle des usages d’un contenu mais aussi à leur traçage. J’ai du mal à comprendre comment défendre la licence globale en s’opposant aux DRM, solutions technique permettant de définir la redistribution des revenus de la licence. Alexis Mons regrette néanmoins l’absence de DRM open-source : “ça aurait été bien un outil de gestion des droits en open-source. Cela aurait permis de positionner une solution universelle et une alternative à la profusion de DRM propriétaires.” A ce propos, Tristan Nitot évoque Open Media Commons en commentaire. Cet “OMC”, soutenu par Sun, travaille notamment au projet Dream : “an interoperable DRM architecture implementing standardized interfaces and processes for the interoperability of DRM systems. The DRM InterOPERAbility Framework is independent of specific hardware and operating systems and is not restricted to specific media formats. It enables user-based license provisions as opposed to the situation today where licenses are assigned to devices.”
J’ai lu les rares documents que l’on trouve sur le site Open Media Commons. Mon sentiment est qu’il s’agit d’une belle arnaque marketing. On colle le terme open source pour rendre les DRM plus acceptable. De toute façon open source et DRM ne sont pas compatible. L’open source étant basé sur le transparence et les DRM sur le secret.
Pour revenir au projet Dream comme ils disent c’est ““an interoperable DRM architecture” C’est l'”architecture DRM” qui est intéropérable pas le DRM lui même. Dream est un container à DRM qui accueillera des DRMs propriétaires (un DRM est forcément propriétaire puisque basé sur le secret). L’intérêt est que si je rend mon logiciel de lecture compatible avec l’interface Dream il devient compatible avec tous les DRM compatible Dream. Enfin ça c’est la théorie, parce qu’il faudra quand même installer chacun des DRMs que l’on veut pouvoir utiliser comme avec les différents codecs aujourd’hui. Et pis franchement vous pensez qu’un acteur comme microsoft et d’autres vont respecter les règles du jeu? Pour microsoft l’intéropérabilité est un ennemi, c’est la mort de leur businness model: le monopole. Ils trouveront toujours quelquechose pour rendre leur DRM plus intéropérable que les autres 😉
Voici ce que l’on trouve dans le document “architecture overview”: “Expanding the Scope of DRM: Business, Life and Content” Des drm pour gérer le “business” et la “life”. Et c’est répété toutes les 3 pages. Moi ça ne me fait pas envie.
Pour finir aller faire un tour sur les forums du projet ouvert en Septembre 2005, on y trouve 3 messages qui se battent en duel pour demander vainement où se trouve le code source… Ce projet est déjà un échec total.
La question de Dream mérite surtout d’être approfondi. Sur vos conseils, je suis allé consulté pour le forum du site Open Media Commons pour, effectivement, n’y trouver qu’une poignée de messages. Et je trouve également que ça fait peu pour un forum ouvert en septembre dernier.
Mais le projet Dream semble être la suite du projet P1207 de l’Eurescom [European Institute for Research and Strategic Studies in Telecommunications, fondé en 1991 à Heidelberg outre Rhin par des opérateurs télécoms, selon la présentation], clos en décembre 2003. Ce projet, dit “Opera”, pour l’opérabilité des DRM, a notamment produit une “architecture prototype de DRM ouverte”.
Des éléments complémentaires à Opera sont disponibles chez Sun.
Au final, je pense que je vais essayer de faire parler Sun sur le sujet, pour y voir plus clair.
[…] Le 19 février dernier, Alexis Mons regrettait l’absence de DRM open source. Dans un commentaire à mon billet “DRM: Quelle est la question ?”, Aurélien évoquait le projet Dream de Sun. Un communiqué de Sun, en date du 22 août dernier apporte un éclairage bienvenu sur ce projet. Reste que, pour l’heure, Dream ne semble pas remporte une vive adhésion des développeurs. On y apprend ainsi que le coeur du projet Dream est DRM-Opera, “une architecture DRM interopérable qui met en oeuvre des interfaces et des processus standardisées pour assurer l’interopérabilité des systèmes de DRM. L’architecture DRM-Opera est indépendante des matériels et des systèmes d’exploitation; elle n’est pas limitée à des formats de médias spécifiques.” Autour de DRM-Opera gravitent Java Stream Assembly et Sun Streaming Server. Le premier est une API censée “réduire la complexité dans la construction et l’administration de flux vidéos […] De multiples fournisseurs de composants peut s’y connecter pour diffuser des flux TV interactifs à la demande.” Le second assure la diffusion de flux audio et vidéo “sur IP en utilisant des protocoles standards ouverts tels que RTP et RTSP. [Sun Streaming Server] est conforme aux spécifications 3GPP et ISMA.” Selon Sun, son serveur de flux est “agnostique” mais supporte nativement MPEG-4 et Quicktime. Fin août dernier, Sun a décidé d’ouvrir son projet de DRM à la communauté des développeurs. Dans son communiqué, le PDG de Sun, Jonathan Schwartz, expliquait alors “croire fondamentalement” qu’une “solution de DRM fédérée doit être construite par la communauté pour la communauté”. […]